Ce récit propose une lecture chronologique des événements pour tenter de comprendre comment la Sierra de Guara est devenue aujourd’hui la mecque du canyoning dans les Pyrénées, en Europe et dans le monde.
LES GRANDES DATES DES EXPÉDITIONS EN CANYON
La première description du canyon du Mascun date de 1874 : un explorateur français Alphonse Lequeutre traverse la région. Il raconte même que les canyons lui inspirent la méfiance, ce pourquoi il garde son revolver à la main. Ensuite, plusieurs explorateurs tentent de cartographier la Sierra de Guara : Lucas Mallada en 1876, Le comte de Saint Saud entre 1881 et 1885.
Lucien BRIET, le photographe de la Sierra de Guara
Entre 1904 et 1908, le spéléologue et photographe Lucien Briet réalise des explorations plus poussées et très engagées pour l’époque. Il parcourt à pied les Pyrénées avec ses plaques photographiques, loue des ânes pour porter son matériel et embauche les services de paysans pour lui servir de guide. Il publie plusieurs ouvrages qui passent inaperçus pendant un demi-siècle, mais il pressent déjà la future popularité de la région.
les premières explorations de Pierre MINVIELLE
A partir de 1950, Pierre Minvielle qui connaît le travaux de Lucien Briet découvre la Sierra avec son père. Il entreprend un long et minutieux travail d’exploration des canyons. On lui doit notamment :
- La première descendre des estrechos du Balces en 1951 avec J.Mole, encore considéré comme un chemin de randonnée ;
- de 1965 à 1967, les explorations des grottes dans le bassin supérieur du Rio Vero, puis la descente complète du Rio Vero : c’est le premier canyon véritablement effectué ;
- L’exploration des Gorgas Negras en 1967.
A cette époque, l’entreprise était compliquée, et malgré les avertissements des habitants : “hay pozos” (Il y a des trous d’eau), l’équipe de Pierre Minvielle continue ses explorations. Ils étaient alors animés par la recherche de l’aventure et très attiré par l’esthétique des gorges de la Sierra de Guara.
Pierre minvielle multiplie les conférences et sort un premier topo des canyons en 1974. Sa vision de la Sierra de Guara est très poétique, il parle souvent de la fantaisie du relief. La place centrale de Rodellar porte aujourd’hui son nom !
DESCENDRE LES CANYONS : LE CANYONING
Durant ces années d’exploration, les décisions des ces pionniers sont prises avec le référentiel de la montagne. Comme une montagne où l’on essaye d’aller au sommet en passant par une voie précise, ils essayent de remonter les rios pour aller trouver la source des canyons. De la même manière qu’en spéléologie, cette technique de remontée permet alors de ne pas être pris au piège en cas d’obstacle infranchissable.
Une fois repérés dans un sens, ils ont pu parcourir les canyons dans le sens du courant. La première descente du Mascun est en 1973 par Thibault Henry Labordine et Jacques Michaud.
Vers 1980, les sports de pleine nature se développent : l’escalade à main nue, les sports de glisse, le parapente etc… L’avenue des combinaisons néoprène de surf changent la donne et permettent d’accentuer le plaisir d’une descente de canyon sans avoir froid.
Parallèlement, la Sierra de Guara fait face à un exode rural sans précédent qui vide les villages isolés. Assommée par 40 années de politique industrielle franquiste, la vie montagnarde de subsistance s’effondre avec le départ des habitants vers les villes.
LES GUIDES DE CANYONISME ET LE PARC NATUREL
Dans les années 1980, des guides de haute montagne décident d’amener des groupes dans les canyons : c’est la phase de professionnalisation de l’activité. Des entreprises se montent et cette discipline ludique et aquatique se développe dans d’autres massifs montagneux.
Les années 1990 marquent 2 grandes évolutions en Sierra de Guara :
- La création du parc naturel en 1991 s’étendant sur 47 mille hectares, imposant un cadre rigoureux pour l’accès aux canyons pour la protection du patrimoine de la Sierra de Guara ;
- le développement de diplômes spécifiques pour encadrer le canyoning.
Véritable déclencheur du renouveau, le tourisme lié au canyoning devient le poumon économique de la Sierra de guara. La région se repeuple, surtout l’été : les campings, hôtels, restaurants et guides de canyon développent leurs activités grâce à la renommée internationale des canyons de Guara.